lundi 21 novembre 2011

Le funambule

Le funambule se sert de toute l’énergie disponible pour maintenir en équilibre sa démarche spirituelle sans savoir que c’est cette action (la démarche) qui le garde sur le fil. L’inconfort ressenti par le funambule sera analysé et traduit de mille façons : doutes, peurs, souffrances, perte de l’équilibre mental. Et cet inconfort sera compensé de mille façons : bouffées de joie, contact avec Dieu, sentiment d’être aimé, adoré, ivresse de l’enseignant, sentiment de mériter un rôle spécial dans la société. Le monde instable de la dualité!

Accueillez donc une rencontre intime avec vous-même ! Une rencontre intime avec Ce qui est: la seule réalité possible. Vous rencontrez une émotion ou une pensée qui ne vous plaît pas, vous la refusez, vous l’analysez et la classez. Et ainsi, vous la projetez à l’extérieur! Vous faites de vous-même, c’est-à-dire de la partie de vous que vous rejetez, un corps étranger, et c’est ça la violence. Cette violence prend forme, car elle ne peut vivre en dedans de vous, qui est pourtant votre demeure naturelle. Elle s’exprime donc à l’extérieur. Vous la voyez et vous la classez : extérieur, donc à régler! La roue tourne dans le vide, le cycle se perpétue; on ne rêve que de soi!

Vous créez le temps, la distance, donc l’inconfort entre Ce qui est et ce qui devrait être. Vous le créez pour dissoudre la peur, souvent inconsciente. Rencontrez intimement et avec la plus grande affection le moment présent, car c’est vous, décliné de mille façons! Quand une pensée, une émotion, une relation surgit, laissez-la être… ne créant aucune distance dans le temps. Regardez-la! Voilà, par exemple, la tristesse. Qui est elle? D’où vient sa source? Qui la ressent? Voyez comme le JE s’identifie à elle. Laissez cette tristesse être, laissez-la tranquille; elle a le droit d’exister. Cette créature que vous aimez tant, vous, va chercher à se l’accaparer et à s’en servir pour vous faire croire au rêve, et ainsi le rendre réel. Regardez bien le mécanisme en action à travers votre personnalité et votre désir de vous identifier! Rien n’est permanent dans le monde du rêve : ni la créature, ni l’émotion…

Le chercheur épuisé va découvrir que le cocon qui le maintient dans sa sécurité de chercheur spirituel n’est nulle autre qu’une arnaque! La connaissance intellectuelle et spirituelle qui brille dans le monde du rêve est ressentie comme une grande satisfaction. Le cerveau se donne l’ultime orgasme du rêve : l’impression de savoir! La sensation que cette accumulation d’expériences et de connaissances va servir son but ou aider les autres. Mais cette spiritualité mentale ne brille que par opposition à la noirceur du monde du rêve. Pas d’opposition, pas de rêve! Accueillez Ce qui est sans ce besoin compulsif de projeter l’opposé!

Le monde du rêve se crée par la dualité. Pour ressentir le plaisir du cerveau, qu’est la spiritualité, le chercheur doit supporter l’opposé : le doute, l’inconfort, la sensation du non-être. Et cela s’amplifie, car le mental croit aux délais et à l’apprentissage. Comme le chercheur y croit, il accepte la souffrance et la transmute en une espèce de passage obligatoire : l’évolution! La route vers la libération.

Toucher à cette spiritualité mentale est une sensation voluptueuse ! Cela génère une ivresse qui dit : « Tu vois, tu arrives à la fin de ta quête. » Et le chercheur transforme cet état en suivant un autre enseignement, une autre lecture, un autre rôle, l’expérience de l’autre, un nouveau mantra, une nouvelle relation plus spirituelle… Poursuis… poursuis… dit l’arnaqueur, tu y touches! Et la croyance survit, le rêve aussi! Et l’expérience s’intensifie, s’accumule, semble donner des résultats, génère la paix. Est-ce que cette paix est permanente?
C’est la dualité, raffinée à l’extrême !

Voir ce cocon qui nous maintient en sécurité dans le rêve demande une grande humilité et un abandon total. Quand l’arnaque de la connaissance intellectuelle et spirituelle est reconnue sincèrement, la personnalité éclate en milles morceaux. La reconnaissance que le JE n’existe que dans le rêve foudroie le rêveur. Le funambule plonge dans l’inconnu! Il a perdu son parachute imaginaire. Il voit intimement le gaspillage d’énergie. Que reste-t-il? Le vide et l’accueil de la non-connaissance.

J’ai eu peur! Peur d’avoir à laisser Betty, qui semblait pénétrer l’aura de Dieu, malgré l’inconfort. J’ai eu peur de faire un mauvais échange! Le mental était convaincu : échange, opposé ! Je ne connaissais pas l’arrêt du rêve, j’échangeais contre quoi? Je survivais dans un monde de dualité, donc le monde des opposés! J’aurais aimé goûter la Grâce avant et ainsi pouvoir décider : mais quelle arrogance! Je voulais le beurre et l’argent du beurre, je voulais visiter le ciel et après me faire une idée pour voir si j’allais laisser Betty choisir ce qu’elle préfère.

Dans un total abandon, comme une fiancée promise à un inconnu, j’ai accueilli la non-connaissance! Ne pas savoir intellectuellement, ne pas comprendre le processus, ne pas marchander le temps! Plonger dans le vide.
La Vie a répondu; la Paix est ma demeure!

Je suis libre.
La liberté, la Paix, c’est l’Amour!
Il y a cet élan de partage qui me fait témoigner.

Profonde Gratitude

Betty

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