vendredi 4 novembre 2011

Je ne suis rien

Gandha-vent-de-feu
Que ferez-vous si vous êtes trop dure pour être une femme bonne , trop sensible pour être un homme bon, trop égoïste pour être un bon mari, trop paresseux pour être un bon employé, trop timide pour être un bon ami, trop prévenant pour être rationnel, trop grosse pour être jolie, trop efféminé pour être fort, trop introverti pour être un bon leader, trop intelligent pour être gentil, trop jeune pour être pris au sérieux, trop vieux pour faire la différence, ou trop loin derrière pour être dans la course?

Ce sont toutes de fausses normes et de fausses dichotomies, mais elles sont si communes et si enracinées que nous y croyons, parfois sans même nous en rendre compte. Et cela conduit à une montagne d'insécurités, parce que personne ne peut égaler ces folles normes (et personne ne le devrait). Mais même si nous ne croyons pas à ces choses ce les autres pensent importe toujours, non? Que pensent les voisins? Ou nos collègues de travail, ou les personnes à l'église? Et si tout le monde travaille pour cacher ses insécurités, et regarde autour ses pairs, à titre de comparaison, sans doute se sentent-ils mal car tout le monde semble avoir la vie facile, avoir tout compris. La vérité est que personne ne peut voir la vérité. Tous travaillent pour cacher la vérité, parce que la vérité est qu'ils ont peur de ce qu'ils sont réellement. Alors ils jouent tous un jeu, et ils font semblant d'être toujours bien. Ou peut-être se rebellent-ils, et font en sorte d'être mauvais, mais tant qu'ils sont encore sous le contrôle de cette fausse norme ils ne sont toujours pas eux-mêmes.

Tout cela est si épuisant.

Je ne suis rien. C'est simple. Si j'étais intelligent, je pourrais avoir peur de paraître stupide. Si je réussis, je pourrais craindre l'échec. Si j'étais un homme, je pourrais avoir peur d'être faible. Si j'étais un chrétien, je pourrais avoir peur de perdre la foi. Si j'étais un athée, je pourrais avoir peur de croire. Si j'étais raisonnable, je pourrais avoir peur de mes émotions. Si j'étais introverti, je pourrais avoir peur de rencontrer de nouvelles personnes. Si j'étais respectable, j'aurai peut-être peur de paraître stupide. Si j'étais un expert, j'aurai peut-être peur de me tromper.

Mais je ne suis rien, et je suis enfin libre d'être moi-même.

Ce n'est pas une invitation à stagner. Le changement est inévitable. Le changement fait partie de qui nous sommes, mais si nous ne changeons pas pour le mieux, alors nous sommes juste en train de décliner lentement.

En mettant à zéro les attentes, en acceptant que je ne suis rien, il est facile de voir la vérité. La peur, la jalousie, l'insécurité, l'injustice, la gêne - ces sentiments brouillent notre capacité à voir ce qui est. La vérité est souvent menaçante, et une fois nos défenses en place, il est difficile d'être complètement honnête avec quelqu'un, même nous.

Mais quand je ne suis rien, quand je n'ai aucune image ou identité ou ego à protéger, je peux commencer à voir et à accepter les choses telles qu'elles sont réellement. C'est le début d'un changement positif, parce que nous ne pouvons pas changer ce que nous n'acceptons pas et ne comprenons pas. Mais avec la compréhension, nous pouvons enfin voir la différence entre la résolution des problèmes et leur dissimulation, la différence entre une véritable amélioration et faire semblant. Nous découvrons que beaucoup de nos faiblesses sont réellement nos points forts une fois que nous apprenons à les utiliser, et que nos plus beaux cadeaux sont souvent enfouis sous notre plus grande insécurité.

Paul Buchheit, dans “I Am Nothing”

Page originale traduite par Christine– Vous êtes invités à partager ce texte à condition de respecter son intégralité et d'en citer la source:http://du-tout-et-du-rien.blogspot.com/.

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