mercredi 18 janvier 2012

Une révolution totale

 Le problème de la pauvreté et de l’inégalité sociale, de la dégradation et de la misère existe-t-il indépendamment de l’esprit?
 
N’y a-t-il pas qu’un seul et unique problème, qui est l’esprit?

C’est l’esprit qui est à l’origine du problème social; et, ayant créé ce problème il cherche à le résoudre sans opérer en lui-même aucun changement fondamental. Notre problème est donc l’esprit, cet esprit qui, voulant se sentir supérieur, crée ainsi l’inégalité sociale, cet esprit toujours en quête d’acquisitions, sous des formes diverses, car la propriété, les relations, ou les idées, c’est à dire le savoir, le sécurisent.

 C’est cette soif permanente de sécurité qui engendre l’inégalité, et ce problème ne sera jamais résolu sauf si nous comprenons enfin que c’est l’esprit qui crée la différence, que c’est l’esprit qui est dénué d’amour. Ce n’est pas une législation qui résoudra le problème, et les communistes ou les socialistes ne peuvent pas le résoudre non plus.

Le problème de l’inégalité ne peut être résolu que lorsqu’il y a l’amour, et l’amour n’est pas un simple mot en l’air. Celui qui aime ne se soucie pas de savoir qui est supérieur et qui est inférieur, il n’y a pour lui ni égalité ni inégalité : il n’y a qu’un état d’être qui est l’amour. Mais nous ne connaissons pas cet état-là, nous ne l’avons jamais ressenti.

Comment cet esprit, qui est totalement absorbé pas ses activités, ses occupations, qui est déjà responsable d’une telle détresse dans le monde et qui continue imperturbablement à semer le malheur et la destruction – comment un tel esprit peut-il opérer en lui-même une révolution totale?

Là est le problème sans nul doute. Et l’avènement de cette révolution ne passe par aucune réforme sociale, mais ne peut se produire que lorsque l’esprit voit de lui-même la nécessité d’une rédemption totale. Alors la révolution est là.

Nous ne cessons de parler de pauvreté, d’inégalité et de réformes : c’est parce que nous avons le cœur vide. Quand l’amour sera, nous n’aurons plus de problèmes, mais l’amour ne peut advenir en recourant à des pratiques. Il ne pourra advenir que lorsque vous ne serez plus, c’est à dire lorsque vous cesserez de vous préoccuper de vous-mêmes, de votre rang social, de votre prestige, de vos ambitions et de vos frustrations.

Cette préoccupation de soi est toujours la même, qu’elle concerne celui qui cherche Dieu, ou celui qui œuvre pour une révolution sociale. Jamais un esprit animé de telles préoccupations ne peut savoir ce qu’est l’amour.

J. Krishnamurti

Extrait de “A propos de Dieu” Editions Stock

11 commentaires:

  1. Bonjour Christine,

    Bonne idée de commencer la journée avec Krishnaji !

    Le problème du mental égocentré est un problème animal. Domination, soumission, compétition, avidité, peur, lutte, fuite... c'est là tout l'univers animal qu'il transforme en pensées, notre mental !

    Où y aurait-il la place pour l'Amour, là dedans ? D'autant que ce mental, au contraire de la vraie conscience des animaux, ce mental est épouvantablement obsessionnel.

    Egocentré, animal, ce mental n'a jamais été qu'une arme de guerre.

    Indéniablement, mettre fin à son égocentrage, c'est le pacifier !

    Paix sur la terre aux Hommes de bonne volonté (la "bonne volonté" étant évidemment la Volonté de la Totalité).

    Bernard

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Christine et BK
    A citer un Krishnamurti, je préfère l'autre , UG dont le titre d'un de ses livres est "Le mental est un mythe":
    L'état naturel n'est Pas un état sans pensée : c'est là l'un des plus grands canulars perpétrés des siècles durant à l'égard de pauvres Indiens sans défense... Vous ne serez jamais sans pensée tant que le corps ne sera pas réduit à l'état de cadavre, un cadavre très mort ! Être capable de pensée est nécessaire à la survie. Mais dans l'état naturel la pensée cesse de vous étrangler ; elle revient à son rythme naturel. Il n'existe plus de « vous » pour lire les pensées et les prendre pour les « siennes ».
    RV

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour RV,
      J.K n'évoque pas d'un état sans pensée, ni dans ce texte ni dans tous ceux que j'ai pu lire de lui. Il dit souvent d'ailleurs que la pensée est utile, dans son champ d’activité.

      Supprimer
    2. Hello RV,

      Oui, en effet, il y a des tas de mésinterprétations qui courent, d'ailleurs dans tous les milieux mais peut-être plus particulièrement dans le spiritualisme car on y emploie souvent des métaphores et l'on y parle d'un plan non-duel où, par conséquent, le langage duel n'a plus beaucoup de sens.

      Alors, concernant le cerveau, c'est un organe fait pour penser et il n'est pas question de l'empêcher de penser.

      Le seul problème, c'est que la fonction mentale, d'apparition très récente sur cette planète, n'est pas encore tout à fait au point. Elle aurait plutôt tendance à s'emballer à tous propos, à se bloquer dans des préoccupations égocentriques, à fabriquer de l'inconscient, à vouloir résoudre des problèmes dépassant ses capacités, etc., etc.

      On dit donc qu'il y a confusion, illusion (maya), qu'il y a ego... On parle même de "démons" ou, de nos jours, de névroses, de psychoses, voire de normose...

      Bref, ça ne tourne pas rond, et l'on essaie de réparer !

      Pour aider à cela, différentes expressions comme "tuer l'ego", "détruire le mental" ou "mettre fin aux pensées" ont été utilisées, dans certains contextes, afin de résumer des enseignements complexes qu'il fallait, bien entendu, avoir suivi avant de savoir à quoi ces expressions se référaient.

      Hélas, une fois tombées dans des oreilles "non initiées", elles se sont empressées d'acquérir de nouveaux sens... souvent un peu extrémistes.

      Il convient donc de revenir à la raison et de comprendre que ce à quoi il faut mettre fin, ce n'est pas au mental mais à la dictature qu'il exerce.

      Quant à cet ego qu'il faudrait "tuer", n'étant qu'une illusion ça ne sera pas non plus possible. On peut effectivement tuer un serpent...

      sauf quand il s'agit en réalité d'une corde qu'on a prise à tort pour un serpent.

      Pour nous résumer :

      mettre fin à l'illusion de l'ego, oui ! Tuer qui ou quoi que ce soit, non !

      ne pas prendre livraison de l'identification aux pensées, oui ; mais arrêter de penser, non !

      Toutes les Traditions spirituelles sérieuses conseillent de laisser passer les pensées sans s'y attacher. Il suffit, pour cela, de laisser le Témoin prendre suffisamment de recul pour que les pensées apparaissent comme des phénomènes extérieurs à soi.

      Pour reprendre l'image du Dzogchen : vous devez monter en haut de la montagne, au dessus des nuages pour qu'ils ne vous cachent plus le soleil.

      Mais il n'a jamais été question d'enfermer les nuages dans de grandes boites et de les jeter au feu !

      Bernard

      Supprimer
  3. bon c'est surement vrai mais c'est jouer avec les mots,en ce moment tout le monde joue avec les mots,je trouve qu'il y a beaucoup d'ego la dedans.

    RépondreSupprimer
  4. Krishnamurti n'a pas réussi sa mission; il se serait perdu dans son mental.

    RépondreSupprimer
  5. Vous êtes sur le bord
    Prêt à vous jeter dedans.
    Quel choc de découvrir
    Qu’il n’y a nulle part où aller
    Et personne à jeter.

    Votre vie est un voyage
    Dans lequel
    Personne ne va nulle part.

    Rien ne peut être dit
    Alors
    Il y a toujours
    Plus à dire.

    Ram Tzu

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah ! Cet excellent Wayne !

      Ça c'est vrai ! Ça c'est juste !

      Nulle part où aller, rien à dire. C'est la vérité.

      Une fois qu'on a compris qu'il n'y a rien à dire, il ne reste plus qu'à le dire... et l'on a tout compris.

      Parler pour dire que celui qui parle ne sait pas, et que celui qui sait ne parle pas (Lao Tseu), c'est parler pour ne rien dire. Il n'y a pas de meilleur discours.

      Celui qui a transcendé ce paradoxe n'a plus rien à apprendre.

      S'attacher aux mots, c'est espérer pouvoir encore apprendre quelque chose. Or, tout ce qui peut être appris est faux.

      Rejeter les mots, c'est espérer pouvoir apprendre du silence. Or, le silence est profané par un tel espoir. Le silence, par définition, ne vous apprend rien.

      Il n'y a ni à s'attacher aux mots ni à les rejeter. Les mots sont les mots. Laissez-les à leur place. Tout est parfait.

      Bernard

      Supprimer
  6. Joliment dit. Belle compréhension qui s'exprime et personne qui parle et personne qui lit.Puisqu'il n'y a rien à dire , à demain pour de nouveaux dialogues sur le rien émanant du rien.
    RV

    RépondreSupprimer
  7. Une réflexion très à propos de Krishnamurti :

    SE LIBERER DE L'IGNORANCE ET DE LA SOUFFRANCE

    " Nous écoutons avec un espoir mêlé de crainte; c'est d'autrui que nous attendons la lumière, mais nous n'avons pas cette vigilance passive qui permet de comprendre. Si celui qui a atteint la libération semble répondre à nos désirs, nous l'acceptons; sinon, nous poursuivons notre quête, à la recherche de qui les comblera; ce que désirent la plupart d'entre nous, c'est la satisfaction à différents niveaux.
    L'essentiel n'est pas de savoir reconnaître celui qui a atteint la libération, mais de savoir se comprendre soi-même.
    Nulle autorité, pas plus ici-bas que dans l'au-delà, ne peut vous apporter la connaissance de ce que vous êtes; sans la connaissance de soi, nul ne peut être libéré ni de l'ignorance ni de la souffrance ".

    Luc

    RépondreSupprimer
  8. Bonjour,
    L'esprit est vraiment le problème. L'esprit, c'est n'importe quoi, si vous pensez baiser, si vous pensez vous acheter une voiture ou de faire un voyage, vous ressentez des sensations dans votre corps par le biais des hormones que vos pensées ont éveillées. Ce sont ces sensations qui nous commandent d'agir ou de ne pas agir si nous aimons ou n'aimons pas ces sensations. Les sensations sont des variations de notre sentiment, car nous sommes un sentiment paisible si nous ne pensons pas. Lorsque notre esprit est silencieux, nous ressentons la tranquillité dans notre corps. Cesser de penser demande de l'attention au présent qui est en dehors de notre tête; regarder l'extérieur et le mental est noir et le corps est en paix.
    J. Krishnamurti et UG n'ont jamais abordé le sentiment de l'humain. Il n'ont fait que des discours intellectuels et ils ont oublié la matière dont l'humain est fait.
    Nous sommes faits de matière et il n'y a que de la matière sinon personne ne serait là pour penser. L'esprit est une illusion, une astuce, qui nous fait penser pour que nous fabriquons de la matière hormonale où l'esprit pourra ressentir son existence à travers la nôtre qui est le sentiment que nous sommes.
    Chaque fois que nous pensons, c'est un commandement qui vient du passé hormonal enregistré qui veut perpétuer sa durée.
    Pour les savants comme pour tout le monde, il est impossible de savoir ce que la matière est. La matière est conceptuelle et sans le sentiment qu'elle nous donne en pensant, elle n'existerait pas. Le sentiment est la colle à la réalité.

    RépondreSupprimer