mercredi 4 janvier 2012
Débloquer une nouvelle sphère de la réalité
Être attentif déverrouille une sphère de la réalité que personne ne soupçonne. Si, par exemple, je marche sur un chemin sans être attentif, complètement immergé en moi, je ne sais même pas si les arbres ont grandi le long du chemin, ni combien ils sont grands, ou s'ils ont des feuilles. Quand j'ai réveillé mon attention, cependant, chaque arbre est immédiatement venu à moi. Ceci doit être pris littéralement. Chaque arbre a projeté sa forme, son poids, son mouvement, même s’il était quasi immobile, dans ma direction. Je pouvais indiquer son tronc, et l’endroit où ses branches débutaient, même à plusieurs mètres. Peu à peu, autre chose est devenu clair pour moi, et cela n’est jamais trouvé dans les livres. Le monde exerce une pression sur nous à distance.
Les voyants commettent une erreur étrange. Ils croient que nous ne connaissons le monde qu'à travers nos yeux. Pour ma part, j'ai découvert que l'univers se compose de pression, que chaque objet et chaque être vivant se révèle à nous d'abord par une sorte de pression calme mais sans équivoque qui indique son intention et sa forme. J'ai même expérimenté le merveilleux fait suivant : Une voix, la voix d'une personne, lui permet d’apparaître dans le tableau. Lorsque la voix d'un homme m'a atteint, je perçus immédiatement sa figure, son rythme, et la plupart de ses intentions. Même les pierres sont capables de peser sur nous à distance. Ainsi sont les contours des montagnes lointaines, et la dépression soudaine d'un lac au fond d'une vallée.
Cette correspondance est si exacte que quand je suis entré au bras d'un ami le long des sentiers des Alpes, je connaissais le paysage et pouvait parfois le décrire avec une clarté surprenante. Parfois, oui, seulement parfois. Je pouvais le faire quand je convoquais toute mon attention. Permettez-moi d'affirmer sans réserve que si tous les gens étaient attentifs, si ils s'engageaient à être attentif à chaque instant de leur vie, ils découvriraient un monde nouveau. Ils verraient soudainement que le monde est complètement différent de ce qu'ils l’avaient cru être.
Jacques Lusseyran
Extrait de “Against the pollution of I” ("Contre la pollution du Je")
"Je bénis chaque jour le ciel de m’avoir rendu aveugle alors que je n’avais pas tout à fait huit ans. Un petit homme n’a pas encore d’habitudes. Il est prêt à s’accorder avec la vie telle qu’elle est, il peut dire « oui ». Du jour où je suis devenu aveugle, je n’ai jamais été malheureux."
Page originale traduite par Christine – Vous êtes invités à partager ce texte à condition de respecter son intégralité et d'en citer la source:http://du-tout-et-du-rien.blogspot.com/
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c'est tout a fait vrai,je dirai juste, j'ai eu aussi cette impression,je trouve qu'il y a un silence beaucoup plus grand dans la nature,plus profond comme si les arbres la nature était a notre écoute.
RépondreSupprimerMon Dieu que la peur nous fait ....peur ! Merci de ce témoignage bouleversant face à nos petitesses , je parle des miennes.....
RépondreSupprimerMerci pour ce post. Dommage qu'il ne faille passer par l'anglais pour lire Lusseyran, dont les écrits sont pour l'essentiel épuisés et non -réédités en France...
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec toi, Anonyme!
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