Par Lori Ann le 13 Janvier 2012
Un lecteur m'a demandé récemment: “Ce que je veux vraiment savoir, c'est ce qui a conduit à votre éveil? Quelle vie avez-vous menée qui a contribué à cet évènement? ". Il se demandait s'il y avait une certaine façon de cultiver un terrain fertile pour l'illumination, une sorte de plan préalable.
Eh bien, à vrai dire, au moment où je me suis réveillée de ce rêve d’être un soi séparé, l'enchantement d'être Lori-Ann avait presque disparu. Comme un papier peint qui avait commencé à s'affadir et se décoller, près de cinquante ans de vie sous le charme de l'individualité ont été enlevées. Alors que cette transe desserrait son étau quelque chose de brillant, en comparaison, scintillait au-dessous de la façade du "moi". Puis un jour le mince fond d'écran du moi est juste tombé pour disparaître complètement, révélant un vaste néant plein de vie.
Même ainsi, un éveil spontané n’est sans doute pas vraiment instantané, même s’il semble être soudain. Dans ma vie de mini-éveils ont existé au cours des années, des tremblements de terre avant le grand tremblement qui a démoli la forteresse du moi illusoire.
Ce qui défendait cette forteresse est intéressant. Je les appelle les derniers soldats debout, mes dernières croyances chéries et tenaces d'auto-identification. Il est tout à fait possible que si ces soldats avaient tenu bon, j’aurais quand même émergé du rêve. Mais en regardant en arrière, je vois quatre Rambo-résistance-croyances qui ont sans doute dû mourir avant que l'édifice du soi puisse s'écrouler et révéler le sol vibrant du non-soi. Ainsi, histoire de raconter des histoires, voici les méchants (qui se croyaient des héros) qui continuaient à lutter pour l'irréelle Lori Ann.
Le Soldat Ambition: En tant que première-née, étudiante super performante, je m'attendais à avoir une vie de succès. J'ai mesuré cela par comment ma créativité fût reçue dans le monde, en particulier mon écriture. À 30 ans, je gagnais des prix de court métrage de fiction, j’étais publiée dans des revues littéraires, et j’avais été acceptée à l'un des meilleurs programmes d'écriture créative aux États-Unis. Puis vinrent les dix années suivantes de dérive avec et sans emploi terne dans des journaux tandis que les muses cessaient de me parler. À la fin de la trentaine je me vivais comme un échec - une femme au foyer au lieu d'une accoucheuse de brillantes fictions. Un jour, j'ai tout simplement réalisé que ne pas être un succès mondain n'avait pas d'importance. Ce qui a initié cela ce sont les moments ordinaires, la richesse de chaque respiration, la découverte inépuisable de la vérité. Je suis allée vers l'intérieur plutôt que vers l'extérieur, et a commencé la phase de recherche de Dieu. L'ambition était morte. J'ai juste espéré que Dieu était vivant.
Le Soldat Contrôle: En grandissant, j'ai remarqué que beaucoup de mes rêves nocturnes se présentaient comme prémonitoires et beaucoup de mes intuitions sont devenues réalité. Vers mes vingt ans, j'ai appris l'art de la prophétie, en jouant avec les cartes de Tarot et les outils de divination comme le I-King et l'astrologie. Finalement, j'ai lâché les accessoires et j’ai développé la voyance pure. Je suis tellement bien arrivé, dans ma mi-trentaine, à voir l'avenir, que je me suis retrouvée dans les émissions de télévision et de radio, dans un documentaire de la BBC sur la visualisation à distance et avec une liste de clients internationaux. Puis la vie m’a joué un tour: plus je cherchais à prédire (ou contrôler), moins je le vivais dans ma vie. Le décès soudain de mes parents avant que j’ai 40 ans, et mon fils presque tué dans un accident de voiture, ont ébranlé ma croyance en ce contrôle. Au moment où mon fils a presque été tué une seconde fois lors d'une violente attaque, j'avais 45 ans et j’étais prête à réaliser l'évidence: le contrôle est une illusion. La vie est une promenade sans chauffeur. Au lieu d’un sentiment effrayant, ce fut un soulagement énorme. Regarde maman, sans les mains! (1).
Le Soldat Sexe: Pendant des années, ma sexualité était reliée à ma capacité à être aimée. J'étais digne d'amour parce que j'étais expressive et disponible sexuellement. Dans mes relations cela se traduisait par beaucoup d'accent mis sur l'exploration sexuelle, le jeu et l'intensité, au point même d'étudier et de pratiquer le tantra. Puis la ménopause a frappé et soudain ma libido a commencé à chuter. Cela a créé des frictions avec l'homme avec qui je vis, il avait signé pour une femme qui aimait le sexe. Maintenant, j'étais à peine intéressée. Cela a créé une angoisse en moi: je n'étais plus capable d'utiliser la monnaie de la sexualité dans un troc pour l'amour. Puis, juste avant que je me sois réveillée, j'ai assisté à un week-end avec l'enseignante d’origine américaine Ganga-gi. Dans cette retraite, elle nous a demandé de regarder vraiment l'histoire du moi, l'histoire de qui nous nous sommes imaginés être. En cela, j'ai vu avec une clarté aveuglante comment j'avais créé un personnage sexuellement libre et aventureux comme un anti-script au mariage dénué de sexe de mes parents. Dans toutes mes exploration sexuelles, je n'avais jamais considéré le territoire du célibat. Soudain c’est devenu clair: sexuellement active ou célibataire sont deux options tout aussi valables. J'étais bien parce que je n'étais pas plus un être sexué que je n'étais sexuelle. Maintenant je pouvais tout simplement être.
Le Soldat Relation: Peut-être parce que mes parents ont démontré toujours-malheureux-après, j'étais déterminée à créer une vie d'amour de conte de fées. Quand mes 17 ans de mariage ont échoué à me rendre heureuse, j'ai divorcé et me suis lancée dans une frénésie de sept ans de monogamie en série. La recherche de la relation parfaite, le partenariat qui arrêterait finalement la quête, ne s'est jamais matérialisée. Au lieu de cela, j'ai réalisé que le bien-être que je cherchais au travers de la relation aux autres, était une illusion. Cette maison s’est écroulée juste avant que je m’éveille, quand l'homme avec qui je vis a commencé à manifester son mécontentement et le désir de me quitter. Par épuisement, j'ai réalisé que j'étais prête à être seule. Seule était tout aussi bien qu’accompagnée. Soudain, la relation amoureuse en tant qu'exigence pour le contentement tomba. Si j'étais seule pour le reste de ma vie, ça allait. Si j'étais dans un partenariat jusqu'au jour de ma mort, c’était bien aussi. L'équanimité était miraculeusement arrivée.
Les deux derniers soldats, le sexe et la relation, sont tombés dans les deux mois qui précédaient mon éveil. Ils ont été les résistants- se battant pour empêcher l'édifice du moi de s'effondrer. Quand ils ont abandonné la bataille, il n'y avait plus rien pour entraver le mouvement de la grâce, qui, comme un raz de marée, a emporté le Moi au loin.
J'ai rêvé une nuit qu'une pluie de météorites s'abattait sur terre et je n'avais aucun endroit pour me cacher. Pas de refuge contre cette annihilation de feu. Je me suis donc rendue à l'inévitable et m'assis sur une colline de rêve en attendant que la mort me prenne. Le lendemain matin le moi que je connaissais depuis 49 ans, était mort. Au lieu de cela il y eut un immense calme vide et une joie tranquille.
Je vous demande donc: Quels sont vos derniers soldats debout? Et êtes-vous prêt à les laisser tomber?
La conscience est ici!
Lori Ann
Page originale traduite par Christine – Vous êtes invités à partager ce texte à condition de respecter son intégralité et d'en citer la source:http://du-tout-et-du-rien.blogspot.com/
(1) Lori Ann fait allusion à une blague:
Mère de toto: On va au parc Toto?
Toto: D'accord mais est-ce que je peux emmener mon vélo?
Mère de toto: bien sur!
Une fois au parc toto monte sur son vélo.
Toto: Regarde maman!!sans les mains!!
Mère de toto: Oh! bravo toto!mais fait tout de même attention
Toto: Regarde!!sans les pieds!!
Mère de toto: C'est bien mais fait attention!
Toto tombe.
Toto: Regarde maman sans les dents!
Christine bonjour,
RépondreSupprimerPassionnant ce texte !
Mais n'y a-t-il pas encore un ultime soldat, caché derrière le dernier soldat ?
Le Bouddha l'a appelé Mara et l'a vu... comme étant lui-même.
Le dernier "je" ne dit-il pas "je suis éveillé" ?
Un moine zen vint un jour vers son Maître pour lui annoncer la grande nouvelle : "Voilà, ça y est, je suis éveillé !"
Le Maître lui envoya alors une grande claque à lui décoller la tête.
Le lendemain, le moine revint et admit : "Vous aviez raison, Maître, je ne peux pas être éveillé".
Uppalari Goppala Krishnamurti, pour sa part, s'éveilla lors d'une conférence de Jiddu Krishnamurti.
Mais il se fit une réflexion qui devait relativiser considérablement la chose.
Je vous livre cette réflexion :
"Comment sais-je que je me trouve dans cet état ? Il y a en moi quelqu’un qui sait que je suis dans cet état. Ce que j’ai lu ou éprouvé, ce dont on parle, constitue une connaissance qui observe cet état, et c’est elle seule qui l’a projeté.
"C’était l’impasse. Cette question là ne recevait aucune réponse. Elle était prise dans un tourbillon, et ça tournait, ça tournait…
"Et tout à coup la question disparut. Rien n’arriva. La question, simplement, disparut. Je ne me suis pas dit : Oh, mon Dieu, enfin je tiens la réponse ! Non, cet état où je croyais être, l’état de Bouddha, de Jésus, même cet état avait disparu. J’en avais fini avec tout cela."
L'éveil n'est que le premier pas vers l'Eveil !
Mais c'est évidemment un premier pas indispensable.
Bernard
Tout à fait d'accord avec vous ( ou toi ) Bernard ,
RépondreSupprimerdès que l'état d'éveil est nommé , il devient "objet",
et il n'est qu'un état ( qui peut disparaître , comme il est arrivé ...),
alors que l'éveil est ouverture , conscience , arrière plan de tous les états , de la nature de "ce-qui-perçoit" et non de "ce-qui-est-perçu"...
Car dès qu'il est défini , le sujet devient objet ...
C'est une recherche sans fin !
Alors ,n'est-il pas nécessaire d'admettre que c'est en cessant de vouloir nommer que "ce-qui-perçoit" , EST ?
Oui, Marie, c'est en cessant de nommer que "ce qui perçoit" est ; mais non, il n'est pas nécessaire de l'admettre. (humour)
RépondreSupprimerOui, l'état d'éveil est un état ; mais l'Eveil est dit "état sans état". Plus simplement : ce n'est pas un état.
Oui, dire "je suis génial", "je suis bête" ou "je suis éveillé", c'est conserver le parasitage mental du "je" par dessus l'Eveil.
Et il est aussi un fait que le "je" de "je suis éveillé" est un "je" évanoui qu'il faudrait tuer... avant qu'il se réveille.
Cela dit, il est également possible que la conscience d'une partie de l'humanité soit en train de muter spontanément, et qu'elle atteigne un niveau d'éveil transpersonnel définitif... sans pour autant avoir pour objectif de réaliser l'Eveil absolu.
Si nous passons dans une nouvelle espèce plus évoluée, les risques de rechutes dans l'ego grossier ne seront plus les mêmes que dans notre actuelle espèce égocentrée. Elles disparaîtront peut-être même !
Et la prochaine espèce pourra bien demeurer des millénaires dans l'état d'ego subtil qui caractérise la conscience transpersonnelle.
Bien sûr, ce nouvel état, en plus de rendre l'existence tout de même moins pesante, faciliterait grandement l'Eveil absolu. Mais il ne l'impliquerait pas nécessairement.
Tout ceci pour dire que la vague d'éveils spontanés qui semble se produire actuellement, et qui a de forte chances de se développer de manière exponentielle dans un avenir proche, n'a très probablement pas grand chose à voir avec la Tradition spirituelle qui, durant la longue histoire de l'humanité, a conduit quelques rares Sages à réaliser le Parabrahman, l'Absolu au-delà de tout.
Bernard
Bonjour Bernard,
Supprimerj'ai écrit il y a peu:"je me suis réveillée éveillée", suite à un rêve dans lequel j'ai reçu comme un enseignement flash, et cela m'a réveillée."Je" (bien que ce soit encore mal employé de le citer sans doute)était dans un calme total.Le mental s'était tu et j'ai trouvé cela très confortable:plus de pensées, juste l'instant présent.Peut-on parler d'éveil dans ce cas?
Bonjour Serena,
SupprimerIl est extrêmement peu important de savoir si un état de conscience dans lequel on se trouve mériterait ou non le nom d'éveil !
Si la paix et le bonheur sont là, il n'y a qu'une chose à faire : exprimer sa gratitude en demeurant dans cet état, voire en s'ouvrant sans réserve à un approfondissement de cet état.
Tout ce que j'ai dit plus haut ne visait qu'à faire douter le mental de ses a priori... et certainement pas à nier que la paix soit la porte.
Etre éveillé implique qu'il n'y a plus personne pour savoir si l'on est éveillé ou non. Et encore moins pour se le demander.
Mais rien empêche de commencer, bien avant l'éveil, à rejeter ces catégories "éveil", "non éveil", "ego", "non ego", etc.
En fait, ces histoires d'ego et d'éveil, c'est très bien tant que ça reste pédagogique. Mais il ne faut surtout jamais, jamais les projeter sur qui que ce soit. Ni sur soi-même, ni sur les autres.
Ce sont des façons de parler. Pas des réalités.
La réalité n'a pas de nom. C'est le "sans nom" qui doit s'éveiller. Pas "l'éveil" !
Bernard
Oui, je comprend bien Bernard."exprimer sa gratitude"avant tout...
SupprimerBelle soirée à toi,
Serena
Oui, ça n'est pas tellement "exprimer sa gratitude" qui est important. Ce qui est important, c'est la façon de l'exprimer.
SupprimerLa seule manière de remercier pour l'établissement de cet état, c'est en s'abandonnant encore plus, en invitant, en toute conscience et dans l'Amour, le processus à se prolonger de plus en plus profondément.
Il est habituellement si difficile de s'abandonner ! Ce serait faire preuve d'une immense ingratitude que de ne pas profiter de cet état privilégié, où l'abandon devient enfin facile, pour ne pas déclencher l'ultime sacrifice de soi.
Bernard
Commencer par mettre de l'ordre dans sa vie, mettre fin au vouloir-pouvoir, capituler, être honnête envers soi-même, voir réellement ce que nous somme pour la plupart : médiocres, mesquins, étriqués, peureux, angoissés, limités, calculateurs, insignifiants, ambitieux, cupides, jaloux, envieux, hypocrites, mondains, superficiels, superstitieux, creux, vides et sans une once d'amour.
RépondreSupprimerAlors je ne vois pas qu'un mot puisse à ce point nécessiter autant de gargarisme.
Luc
bizzarre c'est histoire de demi eveil,je crois qu'il y a eveil ou pas d'eveil mais pas de demi eveil,parcontre je pense qu'il y a évolution meme apres l'eveil, avec le temps l'eveil devient plus profond, c'est peut etre le 6 eme et 7 eme etat de conscience que parle Maharisi mahes yogi,
RépondreSupprimerYves bonjour,
SupprimerOù a-t-il été question de "demi éveil" ?
Non, l'éveil est Eveil. La Tradition le dit de bien des manières : "L'Atman est le Brahman", "Celui qui a vu le Fils, a vu le Père"...
Il y a un seuil à partir duquel la vision séparée des choses cède la place à la vision de l'Unité. Alors oui : éveil est Eveil.
Mais l'autre perspective, que l'on peut avoir sur cette unité transcendante, c'est la pénétration verticale dans l'Eveil.
C'est, elle aussi, une réalité transcendante indicible, mais dont on parle malgré tout en termes de niveaux.
L'Hindouisme est riche en "niveaux". Même Ramana Maharshi a vu débarquer dans son Ashram des Brahmanes qui étaient venus pour savoir à quel niveau il en était. Lui-même disait qu'il avait atteint le dernier niveau auquel on peut prétendre tant qu'on est incarné.
Dans la psychologie transpersonnelle, également, on parle de niveaux. Ken Wilber, par exemple, distingue entre 7 niveaux, le 7ème étant l'Ultime, le Divin, mais le 6ème restant l'état transpersonnel.
Plus généralement on distingue seulement 3 niveaux, les "trois marches du Temple". En Inde, c'est Atman, Brahman et Parabrahman. Les Rosicruciens ont 3 roses : blanche, rouge et Or. Etc., etc.
Il est vrai que tout cela ressemble fort à une espèce de comptabilité de l'Amour, ce qui est effectivement assez bizarre.
Mais il faut comprendre qu'il est du devoir de l'enseignement traditionnel de mentionner toutes les étapes du Chemin, de l'Alpha à l'Oméga. Pourquoi ?
Parce que la stagnation, voire la régression, est possible jusqu'au bout. Toute forme de rappel de la nécessité de continuer à cheminer est donc la bienvenue.
Cela étant, il ne faut jamais perdre de vue, non plus, qu'il n'y a pas de Chemin, qu'il n'y a pas d'ego et qu'il n'y a pas d'éveil.
Paradoxal ? Bien sûr, car ce n'est pas avec le mental que l'on peut comprendre ces choses.
"Le voyage du Sage se fait sans le mental".
Bernard
Pouvez-vous ajouter un "s" à somme dans " voir ce que nous somme " s'il vous plaît Christine ?. Merci. ( inutile de publier ma demande )
RépondreSupprimerLuc
Bonjour Luc, j'ai malgré tout publié ton commentaire. D'abord parce que me signaler les erreurs me rend service (quand je relis je ne les vois plus) mais ensuite parce que j'ai cherché cette phrase dans ce texte et je ne vois pas où elle est....
RépondreSupprimerJe crois que Luc faisait simplement référence à sa propre erreur, qu'il vous demandait de corriger. Si vous relisez son premier commentaire, il avait en effet oublié un "s" à sommes. Je n'ai pas eu l'impression qu'il voulait vous corriger.
SupprimerHa! Mais je ne peux pas modifier vos commentaires (heureusement!)
SupprimerOui, merci Christine, notre ami a raison, c'est une faute de mon texte dont il s'agissait. Bon, laissons cela avec cette fâcheuse erreur.
SupprimerLuc
Nous sommes bien la somme, donc l'erreur n'est pas flagrante!
SupprimerLe concept d'éveil est quelque chose qui m'interpelle puisque je suis curieuse de ce qui s'écrit sur Internet.
RépondreSupprimerEst-ce que selon vous, la "volonté" de construire la sérénité, le calme intérieur, de contrer les anxiétés de la soixantaine" (non, je n'ai pas été capable d'écrire le mot "vieillesse") est un soldat de l'ego?
Je vous envoie ce que j'ai écrit le matin du 12 janvier 2012...
OÙ EST-CE QUE JE SUIS?
Est-ce que je suis sur le chemin de la Joie?
Est-ce que je suis sur le chemin de l'éveil? éveillée?
Est-ce que je suis connectée, déconnectée?
Est-ce que je suis dans la pauvreté? dans l'abondance?
Est-ce que je suis dans l'attente d'un monde meilleur?
Qu'importe!
Au matin, mes rêves de la nuit restent là, juste au bord de ma mémoire, comme des enfants espiègles qui s'obstinent à rester cachés...
Qu'importe!
Aujourd'hui, 12 janvier 2012, dans cette matinée froide de l'hiver québécois, j'apprécie la chaleur confortable de mon chez-moi, les aliments à cuisiner dans le frigo, l'eau chaude de la douche, le café siroté lentement et... ce beau silence.
La lumière du jour entre par les fenêtres, mes yeux cherchent un coin de ciel entre les blocs à logements du voisinage, une douce neige tombe sur la grisaille froide et je goûte... ce beau silence.
Gratitude
Mes pensées vagabondent.
Dans mon corps, tout est calme, je ne ressens aucun malaise, aucune raideur, j'inspire et j'expire, visualisant le voyage de mon sang, vivante, avec encore le goût de la dernière gorgée de café et j'écoute...le silence.
Gratitude.
Dans mon mental, les mots glissent pour nommer ce bilan, instant d'éternité, de sérénité. J'aime ma langue française, j'aime les mots écrits qui invoquent les images, qui chantent, qui dansent, qui raisonnent et résonnent, qui dénoncent ou expliquent, qui racontent, qui vivent. Les mots dans ma tête, dans les livres, sur l'écran, ils sont si bavards, grouillants, souvent écervelées et pas du tout silencieux...
Gratitude.
De mon coeur, flash du sourire de ma vieille mère,de l'attitude attentive et chaleureuse d'une soignante qui se penche sur elle. Gratitude.
De mon coeur, flash d'un certain samedi matin, de la course matinale des petits pieds "bruyants" de mon petit-fils, course qui a certainement enragé mon intolérant et désagréable voisin d'en-dessous. Merci mon petit de cette innocente vengeance! Gratitude.
De mon coeur, flash de ces images d'Haïti, de toutes ces bêtises humaines vues à la télé, c'est triste. Il y a aussi tous ces reportages de créativité, de partage et d'entraide, d'actions nourrissantes pour la planète. Gratitude
Dans le silence de cette froide journée d'hiver, dans ce logement parmi une multitude de logements, dans cette ville parmi une multitude de ville, dans ce pays parmi une multitude de pays, sur cette planète, dans cette galaxie,
moi, petite goutte d'eau dans l'océan de l'espace et du temps, ma vie a l'importance de la gratuité du temps qui passe.
En plein coeur de la ville, en plein coeur de la Vie,
JE SUIS EN PAIX
Lavande
QUESTION?
Y a-t-il des soldats de l'ego qui ont encore une mission jusqu'à la fin de notre voyage dans cette incarnation?
Y a-t-il une partie de mon témoignage qui vous fait réagir? vous interpelle?
Lavande
Ton témoignage me touche beaucoup Lavande,dans le sens où il nous convie à être présent et à apprécier toutes ces petites choses du quotidien, et j'adore personnellement, jouir de tous ces petits bonheurs.
SupprimerPour les questions sur les soldats, à mon avis ils demeurent là le temps dont on en a besoin; lorsque l'ego admet sa défaite: ils se rendent s'ils ne l'ont pas déjà abandonné auparavant...
bonjour,
RépondreSupprimeril y a un an, j'ai vécu ce que j'appelais jusqu'à hier un éveil dans le sens où j'ai VU que nous sommes tous un, que seules nos pensées nous séparent, que l'identité n'est qu'une illusion... Et puis, je suis allée sur le site "regarde, tu n'es pas là" pour passer à la moulinette et être certaine que tout était balayé. Et horreur! je me rends compte que malgré toute ma vigilance, je m'étais identifiée à mon expérience, j'étais devenue celle qui a vécu la kundalini et toutes ces choses... j'ai un tel désir de progresser sur ce chemin, de devenir un bouddha ... mais "qui" a ce désir? Le "je" est encore bien là. Et je regarde et regarde encore mais qui regarde??? encore lui! Comment capituler définitivement???
Bonjour Framboise,
RépondreSupprimerTu demandes "Qui regardes" et tu réponds "encore lui". En es-tu sûre? Ne se contente-t-il pas de se glisser dans la pensée "encore lui?"
A mon avis sur "regardes tu n'es pas là" tu es au bon endroit pour ça. Tu as déjà pris conscience de l'identification, reste plus qu'à la lâcher!
Bonne continuation!