Quand vous parlez de projection, quelle est son action ?
Constatez que vous projetez une image de vous-même et de l'autre avec tout leur cortège d'obstacles.
Je me projette moi-même ?
oui, vous créez cette forme avec la complicité de la société qui a nourri certaines conceptions à votre sujet et sur lesquelles son comportement à votre égard se calque. Ce réflexe de vous voir comme entité séparée, indépendante lui donne l'occasion d'avoir prise sur vous. Ne la laissez pas saisir cette opportunité!
Ce que nous appelons illumination est simplement le fait de prendre conscience que vous n'êtes pas la personne, pas plus que l'image imprimée sur vous par votre entourage. Voir qu'il y a un « rien » sans qualités d'aucune sorte est illumination.
Dans ce rien, vous êtes libre, vous n'avez plus d'entraves,mais aussi longtemps que vous vivrez avec une représentation personnelle, vous resterez dans la peur.
Tant que nous nous prenons pour une entité indépendante, une faim permanente, le sentiment d'un manque demeure... l'ego est assoiffé de satisfactions et de sécurité, d'où son constant besoin de devenir.
Nous ne sommes jamais réellement en contact avec la vie, car être branché sur la vie requiert une ouverture de tous les instants dans laquelle l'agitation provoquée par la tentative de combler un manque prend fin. Une paix s'installe, nous ramenant à notre totalité.
Sans image personnalisée, nous ne faisons qu'un avec la vie, avec les mouvements de l'intelligence. C'est seulement alors que nous pouvons parler d'action spontanée.
Nous vivons des moments où la pure intelligence, libre d'imprégnation psychologique se manifeste, mais dès que nous revenons à ce cliché préfabriqué de notre personne, là où il nous semble voir une action, nous n'avons eu qu'une réaction.
C'est ce qui jaillit librement, naturellement du silence, c'est juste et cela ne laisse aucun résidu ; il y a acte sans personne qui agisse, sans stratégie, ni préparation, mais seulement une attention exempte d'agitation, de souvenirs.
Il est essentiel pour vous de devenir plus conscient de votre nature intime, de vos sensations, de vos tensions psychiques, de vos sentiments et de vos désirs, sans émettre un jugement. Dans une observation innocente, nous sommes entièrement en dehors de ce que nous observons. En d'autres termes, nous prenons note et cette simple action possède son propre goût. Si je vous demandais ce que vous avez dans la bouche, vous pourriez me répondre : rien. En réalité, vous avez le goût de la bouche. De même, regarder en soi est déjà une attitude intérieure. Essayez et spontanément, vous aurez cette vision plus profonde.
Qu'est-ce qui nous fait sortir de cette paix ?
C'est un réflexe. Jusqu'à maintenant, vous avez conscience de vous-même uniquement dans la perception, dans votre relation avec les événements et les sentiments.
L'ego existe en rapport avec une situation et est toujours poussé à s'approprier quelque chose. Mais si vous êtes conscient qu'il est indispensable de lâcher prise, si vous ne voulez plus imaginer tout le temps, vous laisserez les choses venir naturellement à vous et vous serez libre. Évidemment, à ce moment-là, le « vous » a disparu, il reste uniquement la liberté.
Jean Klein
Extrait de “Insondable silence”
Page originale
Une fois de plus tout est dit!
RépondreSupprimerIl ne reste plus qu'à se mettre honnêtement à la tâche de l'observation.
Merci Christine pour ces textes quotidiens qui finiront bien par ouvrir la porte.
Michel
La porte sans porte...
Supprimer:))
Merci...Laisser naître l'observateur (s'il n'est déjà né)et demeurer dans la spontanéité de l'instant.
RépondreSupprimerMutti Free
Passé le seuil de la grande Représentation... le miroir renvoie l'image de... l'Infinité... :)
RépondreSupprimerEn complément, ce texte du même ("Qui suis-je, la quête sacrée") :
RépondreSupprimerLa personne n'est en réalité que persona, masque, cependant elle est devenue synonyme de l'idée d'individu, d'une entité séparée et continue. La personnalité n'est pas la constante que nous imaginons. Ce n'est, en fait, qu'une réorchestration temporaire de tous nos sens, imagination et intelligence, selon chaque situation. Il n'y a pas de répétitions dans la vie, et chaque réorchestration est unique et originale comme les dessins d'un kaléidoscope. L'erreur est de s'identifier à la personnalité, de la conceptualiser dans la mémoire et de nous prendre ensuite dans cette collection d'images cristallisées plutôt que de laisser toutes les émotions, perceptions et pensées se développer et mourir en nous. Nous sommes dans un théâtre, regardant notre propre pièce se jouer sur la scène. L'acteur est toujours " derrière" sa persona. Il semble être complètement perdu dans la souffrance, dans le fait d'être un héros, un amant, un bandit; mais toutes ces apparitions se situent dans la présence globale.