Depuis trente ans, je n'ai vécu que dans ma ferme et n’avais que peu de contacts avec les gens en dehors de ma propre communauté. Durant ces années, je me dirigeais tout droit vers une méthode agricole: “ne rien faire”.
La manière habituelle de développer une méthode consiste à demander: «Pourquoi ne pas essayer cela?" ou "Pourquoi ne pas essayer ceci?", apportant une variété de techniques les unes par dessus les autres. C'est l'agriculture moderne et il en résulte que l'agriculteur est encore plus occupé.
Mon chemin était opposé. Je visais un moyen agréable et naturel de pratiquer l'agriculture qui se traduit en un travail plus facile plutôt que plus difficile. «Et sans faire cela? Et sans faire ceci?" – C’était ma façon de penser. J'ai finalement abouti à la conclusion qu'il n'y avait pas besoin de labour, pas besoin d'appliquer d'engrais, pas besoin de faire du compost, pas besoin d'utiliser des insecticides. Lorsque vous arrivez au fond des choses, il y a peu de pratiques agricoles qui soient vraiment nécessaires.
La raison pour laquelle l'amélioration des techniques de l'homme semble être nécessaire est que l'équilibre naturel a été si bouleversé par les mêmes techniques, que la terre en est devenue dépendante.
Ce type de raisonnement ne s'applique pas seulement à l'agriculture, mais tout aussi bien à d'autres aspects de la société humaine . Les médecins et la médecine deviennent nécessaire quand les gens créent un environnement malade. La scolarisation formelle n'a aucune valeur intrinsèque, mais devient nécessaire lorsque l'humanité crée une situation dans laquelle on doit devenir «éduqués» pour s'entendre.
Avant la fin de la guerre, je suis allé dans une plantation d'agrumes pour pratiquer ce que je pensais être l'agriculture naturelle, je n'ai pas élagué et je laissais le verger à lui-même. Les branches s'emmêlèrent, les arbres furent attaqués par les insectes et près de deux hectares d’orangers et de mandarines desséchèrent et moururent. Depuis ce temps, la question “Quel est le modèle naturel?" m’est toujours restée à l’esprit. Afin de trouver la réponse, j'ai essayé une autre fois sur 400 acres. Enfin, je sentais que je pouvais dire avec certitude: " C'est le modèle naturel".
Dans la mesure où les arbres s'écartent de leur forme naturelle, l’élagage et l'extermination des insectes deviennent nécessaires; dans la mesure où la société humaine se sépare d'une vie proche de la nature, la scolarisation devient nécessaire. Dans la nature, la scolarisation formelle n'a aucune fonction. [...]
Presque tout le monde pense que la «nature» est une bonne chose, mais peu de gens peuvent saisir la différence entre naturel et artificiel.
Si un seul bourgeon nouveau est coupé sur un arbre fruitiers avec une paire de ciseaux, cela génère un trouble qui ne peut pas être annulé. Lorsqu'il croît en fonction de la forme naturelle, les branches se répartissent alternativement sur le tronc et les feuilles reçoivent la lumière du soleil de manière uniforme. Si cette séquence est perturbée les branches entrent en conflit, se trouvent les unes sur les autres et s'emmêlent, et les feuilles se flétrissent là où le soleil ne peut pénétrer. Les dégâts d'insectes se développent. Si l'arbre n'est pas taillé l'année suivante plus de branches desséchées apparaîtront.
Les êtres humains avec leurs manipulations sont dans le faux, laissant les dommages sans réparation, et quand les résultats défavorables s'accumulent, ils travaillent de toutes leurs forces à les réparer. Lorsque les mesures correctives semblent avoir du succès, ils en viennent à voir ces mesures comme des réussites. Les gens font ainsi encore et encore. C'est comme si un imbécile devait piétiner et briser les tuiles de son toit. Puis, quand il commence à pleuvoir et que le plafond commence à pourrir, il monte à la hâte réparer les dégâts, se réjouissant finalement d’avoir accompli une solution miraculeuse.
Il en est de même avec le scientifique. Il étudie des livres jour et nuit, fatiguant ses yeux et devenant myope, et si vous vous demandez à quoi il a travaillé sur terre pendant tout ce temps – c’est à être l'inventeur de lunettes pour corriger la myopie.
Masanobu Fukuoka – Extrait de One Straw Revolution
Page originale traduite par Christine – Vous êtes invités à partager ce texte à condition de respecter son intégralité et d'en citer la source:http://du-tout-et-du-rien.blogspot.com/
excellent!
RépondreSupprimersimple plein de bon sens, la véritable cause de tous nos soucis est là!
excellent texte, merci!