Mettre des mots dessus est toujours un acte après-coup.
L'esprit est si calme qu'il ne sait rien de tout ce qui est expérimenté.
Nommer ce qui est vécu, "les canards qui nagent sur la surface calme de l'étang, créant des ronds parfaits qui disparaissent parfaitement", est de trop.
Nommer quoi que ce soit par son nom semble de trop, et pourtant les mots surgissent parfois. Les mots flottent tranquillement, à travers le calme de la présence, sans aucune répercussion.
Tout est parfaitement à sa place, les arbres rencontrent le sol sans y paraître, la terre rencontre la rive du lac sans y paraître, l'eau rencontre les canards flottants sans y paraître, les canards s’envolent hors de l'eau et rentrent dans l'air, sans y paraître, glissant dans l'air comme s’ils étaient l'air lui-même. Et ils le sont, bien sûr.
Entre l'arbre, le sol, le lac et les canards aucune division n’est perçue parce qu’il n’y a pas de pensée qui apparaisse. Les mots ne viennent qu’après coup.
Assis au bord du lac, tout est parfaitement à sa place, même les détritus déversés sur la rive du lac. Les bords des détritus épousent parfaitement la surface de l'eau.
Le soleil brille, mine de rien, à travers les branches des arbres sur le lac.
Tout étreint tout le reste, inséparablement.
La vie, chaleureuse, calme, bain tranquille. . .
Pas de pensées du passé ou du futur. Même le concept de «maintenant» est de trop. Il n'est pas nécessaire.
Rien n'est nécessaire pour réaliser le moment, parce qu'il est déjà entièrement plein dans sa vacuité.
L'idée d'un enseignement spirituel est si loin, quelque chose au loin, une faible pensée qui vole dans et hors de l'expérience, ne laissant aucune trace.
L'incompréhensibilité de l'expérience ne peut finalement être enseignée. C’est déjà là, attendant que le mental se calme, pour la voir dans sa gloire simplissime et sa beauté ordinaire.
Les sensations dans le corps ne sont même pas enregistrées comme étant dans le corps.
L'énergie dans la poitrine suit tout le chemin vers le soleil. Et la chaleur du soleil suit tout le chemin de l'énergie dans la poitrine. Ils sont un et inséparables de toute façon.
J'aurais pu être un canard. Je suis ce canard. Ce canard, c'est moi. L'idée de division entre nous, c'est juste ... une idée.
Comme la mort est belle quand aucune division n’est expérimentée. La mort est une drôle de pensée. Nous, humains stupides, croyons que la mort est réelle. L'énergie se déplace seulement de l'être humain, pour être un canard ou une mauvaise herbe ou un rayon du soleil. De cette façon, rien ne meurt jamais. Rien n'est jamais né. . . jusqu'à ce que la pensée arrive pour peindre ce cycle dans l'expérience.
Juste cette magnifique beauté tranquille, brillant dans sa singularité. Partout il y a unicité, mais toutes les formes sont vides de nature distincte. Quand l'esprit est calme, quand le corps est transparent on ne peut pas se démarquer de l'autre dans un sens bien défini.
Tout cela nous attend. . . pour que nous le voyons. . . une fois que le mental autour de l'idée, "je suis une personne à part entière à qui manque quelque chose” s’apaise. Qu'est-ce qui nous attend? Rien. Même l’attente est une des idées entretenues par la pensée. Et trouver la vie dans toute sa beauté incompréhensible, assis ici au bord du lac. . . Oui, même trouver est une idée. Rien n'a jamais été perdu. Personne n'est en attente. Personne n'a rien à trouver dans ce clair, ouvert, et sans limites, jeu de l'unicité, inséparable en tous sens.
La vie est –elle Une? Il ne semble pas y avoir de compte. Une est une idée. La vie est-elle Deux? Il n'y a pas de compte ici sur le lac. C'est incompréhensible. C'est trop simple même de dire que c'est un, ou deux. Est-ce le moment présent? Ha, quelle drôle de pensée . . .
Les mots sont-ils vraiment de trop? Ha, c’est une autre pensée drôle. Les mots pleurent à partir de rien, sans y paraître, puis disparaissent. Eux aussi, ils sont parfaits. Rien n'est pas à sa place.
Scott Kiloby
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Bonjour Christine,
RépondreSupprimerDes mots magnifiques... pour dire le silence.
La beauté de ce paradoxe !
Tant de concepts sont nécessaires pour tenter de cerner le non-conceptuel, pour essayer de donner une idée de ce qui n'est pas une idée.
On pourrait se taire.
Mais ici se taire ne permettra jamais de faire savoir qu'on se tait.
Alors, il ne nous reste plus qu'à accorder aux mots la même beauté qu'au lac.
La beauté de leur absence.
Pas de lac. Pas de mots.
Bernard
Oui, Bernard, ou juste voir les mots comme des événements qui passent... une simple ondulation dans le vide... un rond à la surface du lac...
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