Dans mon cas, cette expérience s’est produite à l’âge de vingt-et-un ans (1969). Pour plusieurs raisons, j’avais l’impression d’être au bout du rouleau, et tandis que je touchais le fond, l’immense désespoir qui me tenaillait s’est soudain envolé. I’ve got a Feeling, une chanson de l’album Let it Be des Beatles passait sur la chaîne stéréo, et elle a touché quelque chose dans les profondeurs de mon être.
Un vaste espace s’est ouvert. Il serait tout aussi vrai de dire que je me suis dilaté jusqu’à englober toute l’existence que de dire que j’avais totalement disparu. L’éternité que j’avais conçu comme un temps infini, est apparue comme l’absence de temps. Tout était infusé de vie, y compris ce que j’avais jusqu’à ce moment considéré comme inanimé.
Toute l’existence avait en partage une source commune ; et le premier jour de la création comme l’ultime jour de la destruction étaient tous deux présents. L’univers n’était ni grand ni petit. Il se révélait simplement Un au-delà de tous attributs relatifs, tels que taille, localisation et temps.
Alors qu’au niveau relatif, il apparaissait que l’objectif poursuivi par chaque élément servait tous les autres en une mosaïque complexe de parfaite harmonie, la totalité de la création, elle, se révélait au-delà de tout objectif.
J’ai vu qu’elle est simplement telle qu’elle est : sa propre cause et sa propre plénitude.
Leo Hartong
“S'éveiller au rêve. Le présent d'une vie lucide” - Editions Accarias L'Originel
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