Ces deux années passées en détention préventive dans ce « trou noir de Calcutta », comme on appelle une prison de comté, ont été les derniers moments de « quête » intense de mon parcours. J’avais accès à n’importe quel livre, bande ou vidéo, qui m’était envoyé, et comme je ne pouvais quitter ma couchette métallique, je restais simplement étendu là, m’abreuvant jusqu’à l’overdose d’influx métaphysiques et contemplatifs.
Alors que je quittais cette prison pour être transféré dans une prison fédérale à Terminal Island, à San Pedro en Californie, je fus frappé par les premières déferlantes de connaissance intuitive. Elles gravitaient autour de la pratique d’un questionnement du soi dans laquelle je m’étais engagé de façon très intensive : « Qui suis-je ? » Il se fit jour en moi que je ne pouvais rien connaître de Dieu, ou de la voie spirituelle, avec cet esprit limité, alors j’ai simplement tout laissé tomber.
Avec cet abandon a déferlé le premier raz-de-marée de soulagement et de félicité. Quelques semaines plus tard, j’étais à Terminal Island, me réadaptant à la vue, pour la première fois en deux ans, du soleil, de la lune, des étoiles, de l’océan, des mouettes, des pélicans, des phoques, des fleurs, des arbres et de l’herbe, quand j’ai été atteint par la deuxième phase de ce processus d’abandon. Non seulement je ne connaissais rien de l’éveil, mais je ne pouvais strictement rien y faire non plus !
Une fois encore il s’ensuivit d’immenses vagues de détente et de pur bonheur, aux allures de tsunami. L’éveil lui-même était maintenant complet. Ce qui est survenu ensuite fut la ramification de cette connaissance intuitive dans ma vie quotidienne. C’est ce processus que j’en suis venu à appeler « la délivrance ».
Satyam Nadeen, De la prison à l’éveil, Le Relié, 2001.
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