mercredi 5 octobre 2011

L’amour ne dépend de rien

C’est la non-relation qui permet la relation. C’est cette « chose » au-dedans qui permet l’amour, qui est amour. Le psychisme est l’obstacle. Il veut, il ne veut pas, il attire, il repousse, il calcule, il mesure. Il ne connaît pas l’amour. C’est l’écoute de cette « chose », en nous, qui permet l’amour. Je n’ai plus de relation avec la personne Yolande. C’est pour ça que je dis que c’est la non-relation qui permet une  relation plus vraie que quand il y a deux relations – de chacun avec soi-même – qui veulent entrer en fusion.

« C’est la non-relation qui permet la relation. » Est-ce à dire que l’amour entre deux personnes… n’est pas de l’amour ?

Dans la fusion amoureuse, on entre en relation avec la non-relation à l’intérieur de soi. C’est dans cette non-relation, dans cette « chose », que réside l’amour. Et c’est parce qu’on entre en contact avec elle que l’on dit, que l’on sent : « je suis amoureux ». L’autre n’y est pour rien. Ni soi-même. Ni la relation entre les deux. C’est l’espace de la non-relation qui constitue cet amour, qui constitue tout amour. Qui crée tout d’instant en instant, en fait.
Peux-tu m’expliquer davantage « dans la fusion amoureuse, on entre en relation avec la non-relation à l’intérieur de soi» ?

Dans la relation amoureuse, il y a des instants d’oubli de soi-même, d’intimité, qui sont cette fusion, cette non-séparation. Le problème c’est que quand il y a « tomber amoureux de » l’objet ou la personne, tu entres dans une relation avec « toi-même », puis avec « l’autre », et tu ne vas plus penser qu’à ça, qu’à cette personne ; donc tu te coupes de l’essentiel. Cette même passion doit être pour cette chose invisible qui te permet d’être dans la non-relation avec cette personne-ci, celle que tu appelles « toi », mais aussi avec « l’autre », et te permet de sentir l’intensité de l’instant présent davantage que la seule relation avec la personne.
Quand on tombe amoureux d’une personne, il y a oubli de soi, la fusion se fait, tout est beau, tout est rose… tu t’oublies.
Et bien : ça devrait être ça… mais pour cette chose, tout le temps. Tomber amoureux de cet invisible… Là, de vraies rencontres ont lieu, elles sont belles, elles sont intenses, elles sont dans l’instant ; mais c’est de cet espace qu’on est amoureux ; et, par contagion, de tout le reste.

Cet état que tu décris, « amoureuse de l’invisible », est-il très différent de l’état amoureux en général ? indépendamment de l’objet amoureux bien sûr…

Je pense que c’est le même état. Mais tant que tu vois l’autre, tu crois que ça vient de l’autre. C’est parce que cet autre est là, crois-tu, que tu peux t’oublier et oublier tout le reste… Alors que c’est cet état intérieur constamment présent qui tout d’un coup se révèle parce qu’il y a une vraie rencontre avec quelqu’un, ou une vraie rencontre avec soi-même…
C’est l’amour qui tombe amoureux de l’amour…
En fait, on croit être amoureux de quelqu’un, mais on tombe amoureux de l’amour…

Tout à fait. 

Comme si certains êtres, certaines choses, la beauté par exemple, tout ce qui nous apaise, avait le pouvoir de nous faire nous oublier nous-mêmes, donc cesser d’être un obstacle à l’amour qui, lui, est l’espace derrière tout ça ?… Et c’est pour cela qu’on passe sa vie à chercher les objets, amours, œuvres d’art, paysages… On cherche cet espace !

Tant que l’amour ne s’est pas trouvé lui-même, oui… Pour moi, avant, je croyais trouver l’amour auprès d’un homme, auprès de mon fils, j’ai toujours cru à tout ça… Jusqu’à ce que cette « chose » me saisisse, que je me sois complètement abandonnée à elle, et qu’elle m’ait fait voir la vie d’une façon si belle, si légère… que j’en suis tombée amoureuse. J’ai consacré les premières années à observer cette chose et elle m’a complètement transformée. C’est comme si je vivais quelque chose de très passionnel avec elle. Avant, je croyais que le bien-être, le bonheur, l’amour étaient à l’extérieur ; et soudain j’ai découvert que l’amour n’était pas à l’extérieur, qu’il ne dépendait de rien, d’aucun objet, d’aucun état.
L’amour, le bonheur étaient là, à l’intérieur. Plus besoin de les chercher « dehors ».
Cette bienveillance, cette chose qui te rend vivante, aimée, aimante… elle est avant tout, elle est là.
Comblé par cet amour qui précède tout, peut-il arriver néanmoins que l’on tombe amoureux de quelqu’un ?
Cette chose a pris le dessus sur tout, elle m’a passionnée, et je me suis rendu compte qu’elle te permettait de tout vivre…y compris de tomber amoureux.

Extrait du livre “Le Silence guérit” de Yolande Duran-Serrano

1 commentaire:

  1. merci yolande, etre amoureux de l'amour ,c'est surement la clef du bonheur .

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