Bien souvent, nous ne savons pas être ouverts, réceptifs aux pensées, aux sensations qui nous assaillent. Laissez-les venir, n’intervenez pas afin qu’elles se livrent à votre regard vierge. Cette écoute sans choix est détendue, paisible, nous voyons l’espace s’agrandir peu à peu.
Hors de toute préhension, de toute mémoire, le contenu de notre psychisme se révèle, s’actualise, nous contemplons de façon désintéressée nos agressions, nos fureurs, nos peurs, nos anxiétés. Tôt ou tard, elles se résorberont dans notre observation et la transformation, la transmutation se font dans cette résorption.
Malheureusement, nous n’allons pas jusque-là, la personne se défend, elle n’approfondit pas complètement ces constatations, elle remet cette étude à plus tard, n’en ayant soi-disant pas le temps, sans vouloir comprendre le motif qui la guide.
Cultivez l’observation, ne refusez pas une approche attentive, cet approfondissement vous rendra autonome. Vous êtes déjà conscient, vous êtes déjà le percipient, mais vous êtes collé, attaché à la perception qui se présente à vous. Ne l’empêchez pas de vivre, prenez du recul et par votre attention, votre désintéressement, elle deviendra mouvement. Son indépendance dépend de son extension. Cette approche est l’aimant qui l’attirera vers la totalité dont elle est une manifestation.
On pourrait dire que notre désir d’absolu est une profonde nostalgie de « retour à la maison » qui subsiste en nous à l’état latent sans que nous en comprenions bien le sens. Nous pressentons la réalité, mais dans cette contemplation, notre psychisme crée en même temps la tentation d’abandon. Si notre nostalgie est assez forte, les résidus du passé disparaîtront en un seul instant, sinon, observées avec lucidité, notre peur, notre agression se résorberont peu à peu dans cette observation, entraînant la transformation, la mutation.
Si vous voulez savoir comment une cité est composée, vous raisonnez : les places, les avenues sont à tel et tel endroit, les rues sont dirigées dans tel sens, etc. Il en est de même pour le contenu de notre mental, regardez-le attentivement, avec discernement afin qu’il se dévoile à vous, qu’il s’actualise pour pouvoir s’évanouir ensuite. Rendez-vous compte que vous empêchez l’épanouissement de ces constatations, vous cherchez à vous en servir pour vous défendre, l’individu refuse de s’effacer, la mémoire vous persuade que vous avez un rôle à jouer.
Vous reconnaissez aussi les séquelles du passé par le rêve qui est généralement une continuation de l’état de veille, de choses mal ou imparfaitement vécues. Nous ne tenons pas à aller jusqu’au bout de nos investigations, comme je viens de vous le dire. Pourquoi ? Paresse de l’esprit, bien sûr, et surtout défense de l’ego qui se sent attaqué dans ses manifestations et qui veut rester maître du terrain. Voyez d’où vient cela, acceptez ces réactions afin qu’elles s’épuisent. Dans le sommeil profond, ce qui a été vécu n’est pas écrit sur la pellicule, le film tourne calmement, ces énergies sont devenues mouvement naturel sans observateur et chose observée.
Jean Klein
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