Les croyances nous séparent tels des fils de fer barbelés. Sont-elles vraiment nécessaires?
Ce que je crois n'est pas important. Le fait que je puisse mettre de l'ordre dans mes pensées, les trier en opinions et croyances n'est guère impressionnant. En fait, une telle pensée est inévitable. C'est ce que font nos cerveaux humains évolués. Ils comparent, évaluent et jugent dans une tentative sans fin de donner un sens au monde qui nous entoure.
Croire est aussi automatique que marcher, parler ou éternuer, et à peu près aussi remarquable.
Il fut un temps où je considérais que mes croyances étaient quelque chose de plus qu'un simple assemblage de pensées. Je les ai prises pour quelque chose de beaucoup plus important. Je pensais qu'elles venaient de moi.
À divers moments de ma vie, j'ai cru être un Catholique, un Holistique, un Agnostique et un Laïc humaniste. J'étais un libéral, féministe, écologiste et pacifiste. Je prenais de nouvelles identités à la recherche d'une plus grande autonomie et, tout au fond, je crois, pour me distancer de certaines vulgarités qui caractérisent la condition humaine - des qualités telles que la cupidité et l'agression. En reliant certaines pensées, en bricolant de nouvelles identités, j’ai pu convaincre, moi et les autres, que ces traits malsains de l'homme ne pouvaient pas me définir. Ils définissaient des voleurs, des violeurs et des assassins. J'étais au-dessus de tout cela, et je disposais d'un portfolio de croyances pour le prouver.
Je n'étais pas seul dans ma tentative d’adopter une nouvelle identité. Tout le monde de par le monde l’a bien fait avec moi. Hindous, Musulmans et Bouddhistes. Les Socialistes, les Communistes et les Verts. Les Syndicalistes progressistes, Démocrates-chrétiens - des identités élaborées tout comme les étudiants de première année élaborent des majors. Nous avons tous été tenter de nous élever au-dessus de notre nature animale héréditaire, mais nous élever au-dessus ne la fait pas disparaître. Nous restions toujours avides et agressifs en dépit de nos convictions profondes. Nous marchions dans les contradictions, projetant nos conflits intérieurs sur le monde, en fait, nous étions le monde, et c'est pourquoi il était un tel gâchis.
Après avoir erré d'un système de croyance à l'autre, je pensais avoir exploré les grandes questions de la vie, mais je ne faisais que poser des questions auxquelles mes croyances me fournissaient des réponses toutes faites. Je ne m’étais pas encore posé les questions les plus radicales, celles qui finiraient par fracasser mes croyances. Il s'agissait de questions qui ne semblaient pas nécessaires de se poser, des questions comme:
Si un conflit de croyances peut être trouvé à la racine de toute la violence dans le monde, alors ne devrions-nous remettre en question leur validité - pas la validité d’une croyance particulière, mais la croyance elle-même?
Séparés de nos croyances, perdrions-nous notre portée morale? Serions-nous la proie de nos instincts les plus bas et secourions-nous le monde par des actes de violence dépravés? Ou est-ce précisément le comportement que nous avons quand nous sommes sous le charme hypnotique de nos croyances?
Imaginez une ville dont les bâtiments ont été détruits par un tremblement de terre. C'est l'image que je me faisais de mon esprit après que mes convictions aient été renversées. Je sentais que je pouvais voir à l'infini dans toutes les directions. Les imposantes structures de pensées qui se trouvaient dans mes croyances n'ont plus bloqué ma vision du monde. J’ai ressenti un déroutant sentiment de liberté. Libéré des croyances qui avaient édifié mon identité, je me sentais merveilleusement anonyme. J'étais une personne sans suffixe, sans iste- pour affirmer mon existence. J'avais inconsciemment rejoint le seul club qui importe. Il nombre dans les milliards, ne fait pas payer de cotisation et accueille les criminels de carrière. C'est ce qu'on appelle la race humaine.
Il y a des années que j'ai déposé mes convictions, et je ne suis pas encore transformé en tueur sociopathe. Au contraire, j'ai développé une profonde affection pour mes camarades de la planète, maintenant que je ne les mesure plus à l'aune de mes croyances. Finis les murs de la pensée qui m'empêchaient de voir qui ils sont vraiment. Finies les conférences que je donne dans une tentative d'élever leur conscience. Et disparue, heureusement, ma compulsion à les pointer comme mauvais pour pouvoir paraître vertueux.
Aussi sacrée ou profonde que soit une croyance, elle n'est rien de plus qu'une pensée, et la pensée n'est jamais la chose qu'elle décrit. Elle peut seulement permettre d’entendre les merveilles qu'elle tente de toucher. Les sermons sur l'amour déforment la beauté ineffable de l’amour . Les discours sur l'unité crachent après la première syllabe. Courtiser les croyances est une prescription pour une vie virtuelle, pas une vie vertueuse.
John Ptacek
Page originale traduite par Christine – Vous êtes invités à partager ce texte à condition de respecter son intégralité et d'en citer la source:http://du-tout-et-du-rien.blogspot.com/
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